Laisser les enfants jouer avec de la terre dès leur plus jeune âge est utile. Car le contact intensif avec des micro-organismes aide à éviter les allergies.
Emma marche à quatre pattes dans le jardin, observe le parterre de fleurs, attrape un peu de terre et la porte à la bouche. «Emma! Stop! Il ne faut pas manger de saletés, ce n’est pas bien», s’écrie sa mère en la voyant faire. Trop tard. Mais ça ne fait rien, car maman se trompe. La saleté, ce n’est pas si mauvais pour l’enfant, car elle aide à éviter les allergies.
Sucer son pouce ou se ronger les ongles a donc un effet préventif, comme le montre une étude néo-zélandaise de 2016. «Différents micro-organismes et saletés se logent sous les ongles et sur la peau», explique Sereina de Zordo, cheffe de projet chez «aha! Centre d’Allergie Suisse». «Le contact fréquent avec différentes bactéries, agents pathogènes et microbes renforce le système immunitaire.»
Une étude suisse réalisée dans les années 1990 avait déjà mis en évidence que la saleté était bonne pour la santé: les enfants qui grandissent à la ferme souffrent moins d’allergies des voies respiratoires que les enfants de la ville, tel en était le résultat. Ceci s’explique par le contact avec les animaux et la grande diversité de micro-organismes présents dans une ferme.
«En ville, on est exposé à différentes pollutions qui peuvent aggraver les symptômes d’allergies des voies respiratoires», poursuit Sereina de Zordo. Comme les gaz d’échappement ou les émissions industrielles. Mais surtout, le quotidien est trop propre. Ce qui est considéré comme un progrès en termes de civilisation – des sanitaires propres, de l’eau courante, des réfrigérateurs high-tech – n’est pas un plus pour la prévention contre les allergies. Les enfants sont moins souvent confrontés à des agents pathogènes et à des microbes. Leurs défenses immunitaires ont tendance à réagir plus vite et excessivement à des substances inoffensives, d’où le développement d’allergies. Il y a un siècle, 1% seulement de la population était allergique au pollen. Aujourd’hui, 15 à 20% de la population est concernée.
Malheureusement, envoyer des enfants de la ville à la ferme pendant les vacances ne suffit pas puisqu’il faut être exposé à la saleté sur une assez longue période. «La prévention commence dans le ventre de la mère», précise Sereina de Zordo. Une future maman qui passe beaucoup de temps dans l’étable, c’est bon pour le bébé.
Sucer son pouce et se ronger les ongles n’est donc pas une solution miracle. Les allergies sont un processus extrêmement complexe. Il existe en effet des facteurs qui agissent aussi fortement, voire davantage sur le système immunitaire: des prédispositions génétiques, le climat et la situation psychosociale sont tout aussi décisifs.