Ce n’est que petit à petit que l’on en apprend davantage sur le fait que les femmes présentent des symptômes légèrement différents de ceux des hommes en cas d’infarctus du myocarde. Si les hommes sont plus souvent victimes d’un infarctus du myocarde, les femmes sont pourtant plus nombreuses à en mourir.
Lorsque l’on évoque l’infarctus du myocarde, on pense généralement à un cadre dirigeant stressé. Cet état, qui peut s’avérer mortel, est effectivement plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Pourtant, plus de femmes en meurent. C’est pourquoi il est important de reconnaître les signes avant-coureurs quelque peu différents.
L’infarctus du myocarde se caractérise par l’obstruction soudaine d’une artère qui alimente le muscle cardiaque en sang. En conséquence, une partie du tissu musculaire ne reçoit plus assez d’oxygène. Si le vaisseau n’est pas ouvert dans les douze heures, les tissus concernés meurent. Cela peut affaiblir durablement la capacité de pompage du cœur, déclencher des troubles du rythme cardiaque voire entraîner la mort. L’infarctus du myocarde est la première cause de mortalité dans les pays industrialisés.
Les symptômes les plus fréquents sont une douleur thoracique soudaine, une sensation d’oppression, une détresse respiratoire et des angoisses. La douleur irradie souvent dans le bras gauche, mais parfois aussi dans une autre région du corps – comme l’abdomen, la mâchoire ou le dos.
«Les troubles atypiques sont plus fréquents chez les femmes que chez les hommes», explique Christine Kissel, spécialiste en cardiologie et en médecine interne au cabinet de cardiologie Stadelhofen à Zurich. La douleur irradie plus souvent dans l’abdomen, la mâchoire ou le dos que dans le bras gauche. Chez certaines, la douleur thoracique est totalement absente et l’état potentiellement mortel ne se manifeste que par un malaise, des nausées, des vomissements ou une détresse respiratoire. L’infarctus du myocarde se produit en moyenne une dizaine d’années plus tard que chez les hommes, c’est-à-dire aux alentours de 65 ou 70 ans. «Néanmoins, il faut également penser à l’infarctus du myocarde chez les jeunes.»
«Oui, et pourtant elles en meurent plus souvent», déclare l’enseignante en médecine des genres. «En effet, l’infarctus du myocarde reste très souvent non détecté chez les femmes.» Comme l’a montré une étude menée à l’échelle de la Suisse en 2021, le risque d’erreur de diagnostic est sept fois plus élevé chez une jeune femme que chez un homme du même âge. Cela est dû au fait que l’infarctus du myocarde est plutôt considéré comme une maladie masculine et qu’on n’y pense pas aussi vite chez une femme, explique C. Kissel. «De plus, les femmes réagissent elles-mêmes parfois trop tard. Certes, elles ont dans l’ensemble une meilleure hygiène de vie que les hommes et sont aussi plus conséquentes en matière de dépistage, mais il semble qu’elles soient nombreuses à ne pas prendre assez au sérieux les situations aiguës.» Cela serait lié également à l’image des rôles: «Les femmes ont tendance à avoir un sens élevé des responsabilités et à s’acquitter d’abord de leurs obligations avant de s’occuper d’elles-mêmes.»
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En réduisant les risques autant que possible. Il s’agit notamment de pratiquer une activité physique régulière, d’avoir une alimentation saine et équilibrée, de ne pas fumer et d’éviter le stress.
Le diabète, l’obésité, l’hypertension artérielle, un taux de cholestérol élevé, le tabagisme, le manque d’activité physique et les antécédents familiaux renforcent le risque de maladies coronariennes chez les deux sexes. Chez les femmes, il faut ajouter l’hypertension pendant la grossesse et la ménopause précoce. Elles sont aussi plus souvent touchées par des maladies auto-immunes et inflammatoires, qui peuvent également augmenter le risque.
Des différences entre les sexes peuvent exister pour toutes les maladies cardiaques. Par exemple, les femmes souffrent plus souvent d’angine de poitrine dite stable (une sensation d’oppression dans la poitrine), sans qu’un rétrécissement important des grandes artères coronaires ne soit constaté. Cela s’explique par des dysfonctionnements des petits vaisseaux. Les symptômes sont similaires à ceux constatés chez les hommes, mais le traitement est différent.
Il faut appeler immédiatement les services de secours (en composant le 144) et s’assurer qu’ils ont accès aux lieux. En attendant l’arrivée de l’ambulance, il faut installer la personne concernée avec le haut du corps surélevé, desserrer ses vêtements pour faciliter la respiration, ouvrir la fenêtre et essayer de rassurer la personne. En cas d’arrêt cardiaque, il faut pratiquer un massage cardiaque.
Le diagnostic précis peut être établi à l’aide d’un ECG, d’une analyse de sang ou d’un cathétérisme cardiaque. Cette dernière méthode n’est possible qu’à l’hôpital. C’est pourquoi, en cas de suspicion d’infarctus du myocarde, les personnes concernées doivent être amenées aux urgences le plus rapidement possible.
La plupart du temps, il faut procéder à un cathétérisme cardiaque pour rouvrir le vaisseau obstrué, explique la cardiologue Christine Kissel. Après la dilatation à l’aide d’un ballonnet, on place un stent pour maintenir le vaisseau ouvert. Plus rarement, on réalise un pontage – une sorte de contournement de la zone obstruée. «Il ne faut pas perdre de temps en l’occurrence», souligne C. Kissel. La plupart du temps, les patient-es devraient prendre des anticoagulants et d’autres médicaments à long terme. Une rééducation leur permet de se réhabituer à l’effort physique dans un cadre contrôlé et leur enseigne un mode de vie sain et adapté.