En médecine, on traite les personnes, pas les diagnostics, écrit notre chroniqueuse Dr med. Brida von Castelberg. Sous peine de causer de nombreux dommages.
Un ami de 80 ans, mais en pleine forme et amateur de voyages, découvrit à son genou une modification cutanée qu’aucun médecin ne pouvait vraiment cerner. Le prélèvement tissulaire révéla des cellules malignes, mais pas typiques des tumeurs de la peau connues.
C’est pourquoi on lui proposa, après ablation de la partie concernée, une tomodensitométrie du corps entier afin de clarifier si la modification cutanée pouvait être une métastase d’une autre tumeur. Il refusa.
Lorsque je lui demandai pourquoi il ne voulait pas se soumettre à l’examen, il me répondit: j’ai 80 ans, à mon âge, on trouve toujours quelque chose. Mais je vais bien, et je ne veux pas en savoir plus. Le résultat lui donna raison – maintenant, il a 82 ans, il aime toujours les voyages et il ne sait pas encore si son corps abrite de nombreuses maladies nécessitant une opération.
Si l’on faisait en standard une radiographie de la colonne vertébrale de tous les plus de 50 ans, un pourcentage élevé des personnes examinées présenterait des modifications – même celles qui n’ont aucun symptôme. Vice-versa, de nombreuses personnes souffrent parfois ou souvent de maux de dos. Chez elles également, on trouve des modifications sur l’image radiographique.
Mais ce n’est que plus tard, avec de la patience et une physiothérapie, que l’on sait si les modifications sont responsables des douleurs ou si l’on a des douleurs ET des modifications.
Une patiente de 50 ans avait, après un événement crucial au travail, de tels maux de dos qu’elle ne pouvait plus se pencher vers l’avant de plus de 20 cm. La radiographie révéla une grave arthrose de la colonne cervicale. Après avoir changé de travail et pris un nouveau départ, elle ne ressentit plus de douleurs, celles-ci avaient disparu. Aujourd’hui, à 60 ans, elle fait de la natation et de la gymnastique comme une jeune femme.
La morale de l’histoire? En médecine, on traite les personnes, pas les diagnostics. Traiter les diagnostics sans être sûr qu’ils sont à l’origine des douleurs peut causer de nombreux dommages.