Tous à la montagne! Neuf randonnées en altitude pour tous les goûts et tous les niveaux.
Le col de la Croix fait partie des cols peu connus de Suisse. Il culmine à 1778 mètres et relie les deux stations touristiques vaudoises des Diablerets et de Villars-sur-Ollon. Cela ne veut pas dire que le col manque d'attrait. Bien au contraire. Le panorama de montagne est excellent. Le Grand Muveran, les Dents du Midi et l'ensemble du massif du Mont-Blanc se présentent sous leur meilleur jour. Ce qui rend le col de la Croix unique, ce sont les nombreuses pyramides de gypse. Des pics anguleux de gypse blanc, formés par l'érosion au fil des siècles. Les atteindre est un pur plaisir. La randonnée depuis le col voisin de Bretaye permet la traversée de charmants alpages, de forêts aux arbres noueux et passe devant trois lacs, dont le lac des Chavonnes, qui invite à prendre un bain de soleil. C'est peut-être à ce moment-là que l'un des gypaètes barbus qui vivent ici depuis des années viendra nous rendre visite.
Nous avons failli exterminer le bouquetin. À la fin du 19e siècle, les derniers animaux ont été abattus dans l'espace alpin. Seul le roi d'Italie en possédait encore quelques-uns sur son territoire de chasse. Et il les surveillait de près. Deux braconniers ont néanmoins réussi à ramener quelques spécimens en Suisse. La réintroduction a commencé vers 1906. Au Piz Albris, près de Pontresina, le succès a été au rendez-vous: la colonie de bouquetins de Haute-Engadine compte désormais environ 1600 individus, l'une des plus importantes de Suisse. Les animaux ne sont pas timides: sur l’itinéraire de la randonnée en altitude entre Alp Languard et Muottas Muragl, on aperçoit régulièrement un fier bouc ou une jolie chèvre. Le tout avec une vue imprenable sur les lacs de Haute-Engadine et les sommets du Piz Bernina et autres. Une visite vraiment royale.
«Huit personnes ou une vache». Le panneau indicateur du petit téléphérique reliant Isenfluh à Sulwald est sans équivoque: dans la vallée de Sulstal, dans l'Oberland bernois, l'agriculture de montagne est au centre des préoccupations. C'est ainsi que l'on rencontre des vaches à chaque pas de la randonnée vers la Lobhornhütte. Elles fournissent le bon lait servant à fabriquer le savoureux fromage que l'on peut acheter en chemin. Elles se nourrissent à satiété dans les prairies verdoyantes parsemées de fleurs, comme dans une jolie carte postale. En effet, à l'horizon se dressent, bien alignés, l'Eiger, le Mönch et la Jungfrau. Le fameux trio bernois est présent dans la vallée de Sulstal, où règnent davantage de calme et de tranquillité que dans les endroits touristiques environnants. La vache ne peut accueillir que huit personnes dans le petit train.
«J'ai déjà vu cette montagne», se dit-on en apercevant le Zervreilahorn. Oui. Le Zervreilahorn, qui culmine à près de 2900 mètres, ornait autrefois toutes les bouteilles d'eau de Vals. Cette montagne a également une forme marquée et s'élève vers le ciel comme une pyramide élancée. Il y a encore bien d'autres choses à découvrir au fin fond de la vallée grisonne de Vals. Comme le barrage de Zervreila, avec son barrage-voûte de 150 mètres de haut. Il aurait inspiré Peter Zumthor lors de la construction des thermes de Vals non moins imposants qui distinguent le village depuis 1996. La chapelle Sainte-Anne, située près du hameau de Frunt, apparaît en revanche comme en filigrane. Mais la première impression est trompeuse: l’édifice se trouve dans un panorama unique, directement sur l'arête rocheuse, et offre une vue vertigineuse sur la vallée.
Les dialas de l'Alp da Munt, dans le Val Müstair, étaient des êtres enchanteurs aux pieds de chèvre et aux petites robes blanches comme neige. Ils aidaient les gens autant qu'ils le pouvaient, ramenaient les enfants perdus à leurs parents, nourrissaient les affamés et aidaient secrètement à faire les foins. Mais les gens ne leur témoignaient que de l'ingratitude, les volaient et les harcelaient. Les dialas ont alors jeté l’éponge, se sont enfuis et ont abandonné les gens à leur sort. Ils ont laissé derrière eux la beauté de l'Alp da Munt et la douceur du Val Müstair. On peut admirer ces beautés lors de la randonnée panoramique qui mène du col de l'Ofen au petit village de Lü, accompagné par les cris du cassenoix moucheté dans les nombreux aroles.
Le Göschenertal est considéré comme l'une des plus belles vallées de l'espace alpin. Sa richesse en paysages marécageux, ruisseaux de montagne, glaciers et montagnes est exceptionnelle. On y trouve le Dammastock, le plus haut sommet de Suisse centrale, qui culmine à 3630 mètres. Les plus grands cristaux des alpes ont été trouvés ici, avec des pointes d'un mètre de long. Enfin, c'est dans cet univers magique fait de roches, d'eau et de glace que la Reuss, le quatrième plus grand fleuve de Suisse, prend sa source. Au cours de son voyage vers la vallée, le fleuve passe par le barrage de Göscheneralp, autour duquel s'étend un circuit de rêve. Ce circuit exige une bonne foulée et est sécurisé par des chaînes par endroits, mais il offre une expérience inoubliable dans un paysage de montagne unique.
Les tourbières sont extrêmement précieuses. Elles sont pauvres en nutriments et offrent un espace de vie à une communauté animale et végétale particulière. La teneur élevée en eau des tourbières leur permet de stocker de grandes quantités de CO2, raison pour laquelle leur préservation joue un rôle important dans la protection du climat. Enfin, les tourbières sont des paysages qui donnent envie de s'arrêter et de rêver. Dans la région de Gurnigel/Gantrisch, on peut faire cette merveilleuse expérience. C'est l'une des plus grandes et des plus belles régions marécageuses de Suisse, une mosaïque de prairies, de pâturages, de forêts et de zones marécageuses, encadrée par deux chaînes de montagnes. Le sentier panoramique du Gantrisch, plus facile d'accès, mène à des points de vue de rêve sur le paysage marécageux et sur le mont Gantrisch qui a donné son nom à la région.
Granges se situe à 450 mètres d'altitude, dans le canton de Soleure. En direction du sud, de l'ouest et de l'est, le terrain est parfaitement plat, il n'y a aucune trace de région montagneuse. Mais au nord de la ville, c'est le Grenchenberg qui culmine. On peut y faire du ski grâce à deux téléskis, et il y avait autrefois une piste de ski de fond. La piste a été abandonnée il y a quelques années, tout comme l'aérodrome de l'Obergrenchenberg. Afin de pouvoir atterrir et décoller sur la grande prairie, celle-ci fut aplanie, raison pour laquelle la ville avait mis 700 francs à disposition. L'aérodrome a été mis en service en 1948, mais après un crash mortel, la ville a fermé la piste en 1964. L'immense prairie presque plate est encore impressionnante aujourd'hui, on la traverse lors de la randonnée de l'Unteren Grenchenberg au Weissenstein. Si l'on est assez courageux, on peut jeter un coup d'œil par-dessus la paroi rocheuse, vers les profondeurs. Ici ou un peu plus tard sur le Stallflue. Aucun doute: Granges est situé dans les montagnes.
Comment conserver le lait au frais sans réfrigérateur pendant l'été à l'alpage? On enterre aux deux tiers un grand cylindre de pierre sur lequel on peut marcher, on en remplit l’intérieur de neige au printemps et on y stocke le lait. Nevère, tel est le nom des constructions sophistiquées que l'on rencontre sur les alpes ensoleillées du Monte Generoso, dans le sud du Tessin. Aux 18e et 19e siècles, elles permettaient aux paysans de conserver leurs produits au frais jusqu'à la fin de la saison d'alpage, car la neige tenait longtemps. Aujourd'hui, la plupart des alpages sont abandonnés, le Monte Generoso s’offre aux adeptes des excursions. La vue, le train à crémaillère et l'imposant restaurant «Fiore di pietra» de l'architecte star Mario Botta attirent les randonneurs. Il est cependant encore possible de visiter certaines nevères lors d'une courte et impressionnante randonnée en altitude sur les pentes chaudes du Generoso.