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Vivre plus sainement?

Vivre plus sainement?

L’invasion russe favorise les angoisses

Après deux ans de pandémie, voici la guerre à nos portes. De quoi fragiliser des psychismes déjà mis à rude épreuve, comme l’explique la psychiatre vaudoise Catherine Léchaire.

Catherine Léchaire, comment interprétez-­vous les nombreux témoignages de gens qui déclarent qu’avec cette guerre en Ukraine, ils n’arrivent plus à travailler, à se concentrer, à penser à autre chose?

Catherine Léchaire: Les guerres déclenchent des émotions et des peurs fortes parce qu’elles sont créées par l’homme et nous confrontent ainsi au mal et à l’imprévisible. La proximité géographique de l’Ukraine nous fait également percevoir les événements de manière beaucoup plus intense et comme une menace immédiate pour notre propre avenir. Les personnes qui présentent une vulnérabilité peuvent voir leurs inquiétudes et leurs peurs préexistantes s’aggraver, en particulier les personnes qui ont déjà vécu une guerre elles-mêmes ou qui se souviennent encore de la menace de l’époque de la guerre froide. En outre, il a été scientifiquement prouvé que les peurs et les traumatismes non traités se transmettent de génération en génération.

Peut-on minimiser ces réactions en les comparant avec ce qu’endure la population ukrainienne?

De telles comparaisons ne sont jamais appropriées, car il est inutile de comparer ses propres peurs à celles des autres. La souffrance n’est pas objectivement quantifiable. Le seul facteur décisif est sa propre expérience et ses propres sentiments – et non ce qui est objectivement pire. Nous ne pouvons pas aider un patient souffrant de troubles anxieux en jugeant ses peurs comme irrationnelles et ­exagérées. En tant que psychiatres, nous devons plutôt ­tenter de comprendre le sens et les causes de ces peurs, qui sont associées à d’énormes souffrances pour les personnes touchées.

Le fait que cette guerre intervienne directement après une pandémie de deux ans aggrave-t-il significativement les réactions d’angoisse et de mal-être?

Cette guerre est en effet une continuation de la pandémie, qui a mis une lourde pression psychologique sur de nombreuses personnes et leur pèse encore. Le retour à la normalité reste pour le moment un espoir. Celles et ceux qui souffrent déjà de troubles anxieux sont certainement plus à risque de tomber encore plus profondément dans cette spirale de la peur à la suite de cette guerre.

Quel genre de psychothérapie est adaptée à ce type de situation? Que dites-vous à vos ­patients à ce sujet?

Le courant thérapeutique en lui-même est moins important que la qualité de la relation thérapeutique. Si le patient se sent en confiance dans la relation thérapeutique, il pourra parler plus ouvertement de ses craintes. Le thérapeute ou l’entourage pourra l’accompagner pour qu’il puisse mieux doser par exemple sa consommation de médias et, dans la mesure du possible, parler à d’autres personnes de ses sentiments d’impuissance et de découragement, au lieu de réfléchir et d’augmenter ainsi ses peurs.

(Voir suite ci-dessous...)

Essayer de fuir le flot d’informations peut-il être d’une aide quelconque?

Il n’est certainement pas utile de suivre les informations en direct. Les sentiments de peur et d’impuissance s’intensifient lorsqu’on est confronté à la souffrance en continu. En outre, un tel flux d’informations favorise les ruminations et les scénarios catastrophe, possiblement chez toutes les personnes atteintes dans leur santé mentale. Cependant, se couper de l’actualité n’est pas une bonne solution à long terme. Il est important de partager son vécu face à l’actualité et de s’informer régulièrement, à partir de sources d’information fiables, mais pas en continu.

Et participer à des formes d’actions collectives, comme les dons ou des manifestations?

S’impliquer de cette manière est certainement utile, car cela peut aider un peu contre les sentiments d’impuissance et créer un sentiment de solidarité – par opposition à la consommation passive de nouvelles.

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vers le Dossier

de Laurent Nicolet,

publié le 18.03.2022


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