Au moment de l’endormissement ou au réveil, certaines personnes vivent des expériences fantomatiques: elles sont éveillées, mais ne peuvent pas bouger et se sentent paralysées. On parle alors de paralysie du sommeil.
Environ une personne sur trois a déjà vécu une paralysie du sommeil. La personne concernée est consciente, mais ne parvient pas à bouger. Les hallucinations sont également typiques. La paralysie du sommeil dure de quelques secondes à quelques minutes, mais semble souvent beaucoup plus longue aux personnes concernées.
La plupart du temps, une telle paralysie du sommeil se produit au moment de l'endormissement ou au réveil. Le corps n'est alors pas complètement paralysé, car les personnes concernées peuvent bouger les yeux, un détail important à savoir si l’on veut se libérer d'une paralysie du sommeil. Nous y reviendrons plus tard.
Les paralysies du sommeil ne sont pas dangereuses. Cependant, en fonction des hallucinations, l’événement peut être perçu comme désagréable ou agréable. Trois types d'hallucinations se produisent le plus souvent:
Les paralysies du sommeil peuvent accompagner certaines maladies, comme notamment les troubles anxieux et la narcolepsie, une maladie rare. En cas de narcolepsie, les personnes concernées s'endorment très soudainement, même dans des situations où l'on ne devrait pas s'endormir.
Certaines circonstances favorisent la survenue d'une paralysie du sommeil. Il s'agit notamment des perturbations du rythme de sommeil habituel, comme le fait de se coucher tard et de se lever tôt ou le décalage horaire. Les paralysies du sommeil peuvent également survenir plus fréquemment en cas d'infections fébriles, après la consommation d'alcool ou la prise de certains médicaments. Les bêtabloquants, certains antibiotiques, certains médicaments contre les maladies psychiques ou contre les troubles du rythme cardiaque peuvent notamment les favoriser. Le point commun de tous ces facteurs est qu'ils sont susceptibles d’influencer les phases de sommeil.
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Ce qui se passe lors d’une paralysie du sommeil n'a été que partiellement étudié. En temps normal, lorsque l’on dort, le cerveau passe par différentes phases de sommeil qui peuvent être identifiées grâce aux ondes cérébrales. Celles-ci sont grossièrement divisées en phases de sommeil dites «REM» (ou sommeil paradoxal) et «non REM» (ou sommeil non paradoxal). REM est l'abréviation anglaise de «rapid eye movement», en français «mouvements oculaires rapides».
Pendant le sommeil paradoxal, l'être humain rêve et les yeux peuvent alors bouger, tandis que l'appareil locomoteur est littéralement immobilisé. Dans le cas contraire, les personnes endormies pourraient par exemple courir ou effectuer d'autres choses vécues en rêve. Pour éviter cela, de nombreux muscles sont en quelque sorte «déconnectés» du cerveau pendant le sommeil paradoxal.
En général, il faut entre 5 et 15 minutes pour qu'une personne s'endorme. Lorsque l'on est allongé et détendu, le cerveau est en rythme dit alpha, un état dans lequel il est encore possible de se déplacer. Après environ 90 minutes de sommeil survient généralement la première phase de sommeil paradoxal.
En revanche, les personnes atteintes de paralysie du sommeil ont parfois besoin d'environ 40 minutes pour s'endormir et atteignent le premier sommeil paradoxal au bout de 40 minutes seulement. Certaines personnes affectées atteignent même leur première phase de rêve cinq à dix minutes seulement après s'être endormies. C’est ce qu’ont montré des études menées en laboratoire du sommeil.
Chez les personnes atteintes de paralysie du sommeil, l'activité alpha et le sommeil paradoxal se chevauchent. D'où, d'une part, la sensation d'être éveillé ou au moins à moitié éveillé et, d'autre part, l'impossibilité de bouger et les hallucinations.
Au cours de la vie, la part de sommeil que nous passons à rêver, c'est-à-dire à dormir en sommeil paradoxal, évolue. Chez les bébés, le sommeil est encore composé à 50% de sommeil paradoxal, alors que chez les adultes, il ne représente plus qu'environ 18 à 25% de la durée totale du sommeil.
C'est surtout à l'adolescence que le temps de sommeil paradoxal se raccourcit fortement. C'est aussi l'âge où les paralysies du sommeil sont les plus fréquentes. Entre 10 et 18% des jeunes en ont fait état. La plupart du temps, les épisodes surviennent en lien avec un manque de sommeil.
On peut prévenir les paralysies du sommeil (ou du moins réduire leur fréquence) en adoptant un rythme de sommeil aussi constant que possible. La recette pour y parvenir est la suivante: se coucher et se lever tous les jours à la même heure, veiller à dormir suffisamment et éviter autant que possible les facteurs connus pour provoquer une paralysie du sommeil, comme l'alcool.
Quiconque se trouve dans une paralysie du sommeil peut tenter d'en sortir en bougeant d'abord les yeux, en les ouvrant, puis en essayant de bouger de petits muscles, par exemple la langue, les doigts ou les orteils. Si cela fonctionne, il est alors généralement possible de faire bouger ensuite des muscles plus importants.
On peut aussi essayer d'influencer les hallucinations désagréables. Comme dans un rêve lucide, on façonne alors consciemment l'action pour se soustraire à l'angoissante illusion des sens. Cela peut se pratiquer. Une veilleuse dans la chambre à coucher peut aider à lutter contre les hallucinations faisant apparaître des personnages sombres. Pour éviter la sensation d'étouffement, il s'avère utile d'éviter de dormir sur le dos. On suppose qu'en position couchée sur le dos, pendant l'incapacité de bouger, la langue tombe en arrière, ce qui rétrécit les voies respiratoires et rend la respiration difficile.
Il est également possible de sortir de la paralysie du sommeil avec l'aide de la personne se trouvant à nos côtés, car la paralysie disparait dès que l'on est touché. Pour cela, on peut s'entraîner à émettre un appel bref malgré la paralysie du sommeil pour donner le signal à la ou au partenaire.