De plus en plus souvent, fruits et légumes sont mixés avec la peau pour des jus ou des smoothies. Mais peut-on manger cette peau sans crainte?
Les détracteurs de l’épluchage argumentent que c’est précisément sous la peau que l’on trouve le plus de précieux nutriments, tandis que les tenants du retrait radical de la peau reprochent que tous les pesticides, fongicides, insecticides et Cie utilisés dans l’agriculture restent collés à la peau et peuvent nous porter atteinte à long terme. Il est incontestable que certaines peaux et écorces, comme celles de la banane ou de l’ananas, ne peuvent être mangées.
Les arguments des ennemis de l’épluchage sont intéressants. Différentes études ont en effet montré que la teneur en vitamines des peaux ou de la couche située juste au-dessous est bien supérieure à celle présente dans la chair. Il en va de même pour les sels minéraux. En outre, des substances bioactives pouvant avoir une action antioxydante se trouvent la plupart du temps à l’intérieur et directement sous la peau.
Cela est logique, car ces substances sont formées par la plante afin de se protéger des animaux ou de la pourriture. Elles doivent donc se situer dans l’enveloppe ou la peau des fruits. Enfin, la peau est riche en fibres qui facilitent la digestion et peut même être consommée avec les kiwis.
Les pommes et les poires, tout comme les carottes et les tomates, devraient impérativement être mangées avec leur peau en raison des nutriments qui s’y trouvent:
Pour les champignons sauvages en revanche, il convient de retirer la peau, au moins pour les femmes enceintes et les enfants. Il s’agit en effet de la partie la plus polluée en métaux lourds.
Il est également préférable d’éplucher les pommes de terre, car leur peau contient plus de solanine, substance mauvaise pour la santé, que le reste du tubercule. Néanmoins, les quantités sont si faibles que manger la peau ne présente pas de risque pour la santé.
Autre argument en faveur de l’épluchage: dans la pomme de terre, les vitamines ne sont pas situées sous la peau; la teneur en vitamines, comme la C, a tendance à augmenter au milieu du tubercule, surtout pour les pommes de terre conservées longtemps.
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L’argument selon lequel les pesticides et autres substances toxiques présentent un risque avec les fruits et légumes non épluchés ne s’applique qu’en partie. «Certains pesticides se retrouvent aussi dans la chair, selon la façon dont on a traité la plante, et avec quoi», déclare Dr Otmar Deflorin, chimiste cantonal de Berne. Malgré l’épluchage, les consommateurs ne sont donc pas automatiquement protégés.
Il est préférable, selon O. Deflorin, de se tourner vers les produits bio. Aucun pesticide artificiel ne peut être utilisé pour leur culture. Toutefois, des contrôles alimentaires veillent également à ce que pour les aliments créés de façon conventionnelle, seuls les produits autorisés soient employés et que tous les résidus soient inférieurs à la valeur limite permise.
Acheter des produits régionaux et de saison permet généralement aussi d’avoir moins de substances nocives. «A l’étranger, on autorise en partie d’autres produits que nous», commente O. Deflorin. Les personnes souhaitant être le moins possible en contact avec des pesticides doivent donc avant tout non pas éplucher les aliments, mais acheter des produits régionaux, biologiques et de saison.
Avec les agrumes, il vaut également la peine de vérifier la présence de la mention «non traité». Comme leurs écorces ne sont normalement pas consommées, celles-ci ne sont pas nécessairement exemptes de substances toxiques. Achetez de préférence des citrons bio si vous devez en utiliser la peau ou le zeste dans un plat.
La question «Peler ou non» relève au final des goûts personnels et de la tolérance. Beaucoup observent qu’ils digèrent mieux les poivrons et les courgettes pelés. Si vous supportez la peau et l’appréciez, vous pouvez la consommer sans crainte pour de nombreux fruits et légumes.