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Vivre plus sainement?

Vivre plus sainement?

«Tôt ou tard, toute personne non vaccinée finira par attraper a le coronavirus.»

Qu’est-ce qui nous attend au cours des prochaines semaines, à quel point le nouveau variant Delta Plus est dangereux et une vaccination de rappel est-elle utile? L’infectiologue Manuel Battegay répond à nos principales questions au sujet du virus et de la vaccination.

L’automne est là et le nombre d’infections repart de nouveau à la hausse. Qu’est-ce qui nous attend au cours des prochaines semaines?

Difficile à dire. Mais si nous ne parvenons pas à augmenter le taux de vaccination en Suisse, le nombre de cas continuera de croître et de plus en plus de personnes devront être hospitalisées, y compris dans des unités de soins intensifs.

Quel taux de vaccination la Suisse devrait-elle atteindre pour que le nombre de malades diminue?

Un taux de vaccination de 80% de la population totale serait suffisant; à l’heure actuelle, 65,5% des Suisses ont au moins reçu une première dose. Ce chiffre peut à nouveau entraîner une saturation des soins intensifs.

Un nouveau sous-variant du Delta vient également d’apparaître: le Delta Plus. À quel point est-il dangereux?

Nous ne savons pas encore exactement. Le premier variant Delta est deux fois plus contagieux que la souche initiale. Les premiers résultats laissent penser que le Delta Plus est encore 10% plus contagieux. Cela signifie que, sans mesures de protection, une personne infectée par le variant Alpha contamine environ 2 à 3 personnes. Avec le variant Delta, ce chiffre s’élève à 6 ou 7, et avec le Delta Plus, il est de 7 minimum.

Les personnes ayant reçu deux doses de vaccin sont également infectées. Cela veut-il dire que la vaccination n’est pas utile?

Si, la vaccination est efficace. Mais pas à 100%. Il faut ici faire la distinction entre contamination et maladie. Le vaccin est efficace contre une infection «seulement» à 50-70%. En revanche, il protège à 90-95% contre la maladie et même à plus de 95% contre une forme grave. Cela signifie qu’une personne vaccinée peut être infectée, mais la probabilité qu’elle développe une forme grave du coronavirus est très faible. En Suisse, pratiquement aucune personne vaccinée n’a été admise en soins intensifs. À Bâle, les 2 personnes concernées présentaient un grave déficit immunitaire.

Dans quelle mesure une personne vaccinée infectée est-elle contagieuse?

Premièrement, les personnes vaccinées ont beaucoup moins de risque d’être infectées. Deuxièmement, comme le montre une première étude israélienne, les personnes vaccinées qui sont elles-mêmes infectées transmettent beaucoup moins le virus à des tiers.

Une troisième dose serait-elle utile?

D’une manière générale, deux doses de vaccin suffisent à protéger la majorité de la population. Il faut bien distinguer «troisième dose» et «vaccination de rappel». La troisième dose étend la protection aux personnes immunodéprimées. Le rappel permet de renforcer l’immunité chez les seniors.

Une vaccination de rappel ne permettrait-elle pas de décharger les hôpitaux?

Non. La vaccination de rappel n’aurait quasiment pas d’impact sur le nombre d’hospitalisations, notamment dans les unités de soins intensifs, car celui-ci dépend majoritairement du taux de vaccination. Néanmoins, j’espère que le rappel de certaines catégories de la population interviendra rapidement.

Faut-il ensuite procéder à une nouvelle vaccination de rappel chaque année?

De nombreux individus auront probablement besoin d’une troisième vaccination au fil du temps. Toutefois, d’autres rappels pourraient devenir inutiles. Le virus ne disparaîtra pas, les personnes vaccinées seront donc en contact avec lui de temps à autre. Et ce contact active les défenses immunitaires. On pourrait alors mettre en place le même processus que pour la grippe, c’est-à-dire des rappels pour les personnes âgées et celles présentant un risque accru de développer une forme grave. Mais nous ne pouvons pas encore l’affirmer avec certitude.

L’objectif de la Confédération est d’atteindre un taux de vaccination plus élevé. Est-ce réaliste?

Oui, je pense que ça l’est. Je reçois encore beaucoup de questions de la part de personnes sceptiques. J’ai réussi à convaincre nombre d’entre elles de se faire vacciner grâce à des explications factuelles.

Il y a donc plus de sceptiques que d’opposants à la vaccination?

À propos de la semaine de la vaccination:

Afin d’inciter davantage de personnes à se faire vacciner, le Conseil fédéral organise, en collaboration avec les cantons, une semaine de la vaccination du 8 au 14 novembre. Des centres mobiles de conseil et de vaccination supplémentaires doivent offrir un accès facilité à la vaccination. En outre, la Confédération finance la mise à disposition de conseillers et conseillères par les cantons afin de répondre au besoin d’information des individus non vaccinés.

Certaines personnes ne reviendront certainement pas sur leur décision. Mais j’espère que la semaine de la vaccination (voir encadré) permettra d’augmenter le nombre de volontaires. Au sein du cabinet, les collègues font un bon travail de pédagogie et de vaccination. Leur rôle est important. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: environ 165 000 personnes par semaine ont été vaccinées dernièrement. Si nous pouvions augmenter ce nombre, ce serait parfait.

Le fait que le test antigénique devienne payant a-t-il également jouer un rôle dans l’augmentation du nombre de vaccinés?

Oui, certainement Il en va de même des règles à respecter pour partir en vacances. Avec la vaccination, c’est plus facile de voyager dans de nombreux endroits. En tant que médecin, je me dois avant tout de souligner les faits et les informations. Et les premières données selon lesquelles la vaccination réduit significativement le risque de covid long sont très convaincantes.

De quelles données s’agit-il?

Nous avons mené une étude qui montre que trois mois après la maladie, 27% des personnes qui ont guéri présentent encore des symptômes. Après un an, ce taux est de 10%. Les personnes interrogées ont pratiquement toutes repris le travail, mais elles présentent encore des troubles, de concentration notamment. Aujourd’hui, le vaccin existe et il permet de réduire considérablement la probabilité de tels effets.

De nombreux sceptiques ont peur que le vaccin nuise à la fertilité. Cette crainte est-elle justifiée?

Non. On prétend que l’ARNm produit des anticorps contre une protéine identique à celle responsable de la croissance du placenta. En d’autres termes, après une vaccination, vous auriez des anticorps qui freineraient la croissance du placenta et rendraient stérile. Mais ce n’est pas la même protéine. Point. En outre, aujourd’hui de très nombreuses études ne donnent aucune raison de croire que le vaccin a une quelconque influence sur la fertilité. De même, des études menées auprès de femmes enceintes ont mis en évidence que le vaccin n’a aucun effet sur l’enfant à naître dans l’utérus.

(Voir suite ci-dessous...)

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C’est aussi de la désinformation. Le vaccin ARNm ne peut pas s’intégrer dans notre matériel génétique. Lorsque nous contractons le coronavirus, l’ARNm pénètre dans notre organisme avec le virus – et à des doses plus élevées qu’avec le vaccin. Ces arguments n’ont donc aucun sens.

Les jeunes femmes se plaignent d’un changement de leur cycle menstruel après la vaccination. Est-ce dangereux?

Certaines femmes réagissent fortement à la vaccination. Il est concevable que le cycle puisse être influencé sur une courte période. Cependant, rien n’indique dans les études que le cycle est perturbé à plus long terme.

Que savons-nous aujourd’hui du virus et qu’ignorons-nous encore?

Nous connaissons déjà très bien le tableau clinique, les symptômes et les facteurs de risque. La principale question que je me pose est la suivante: une autre mutation capable de contourner nos défenses va-t-elle apparaître? Jusqu’à présent, nous avons été en mesure de lutter contre tous les variants par la vaccination et grâce aux anticorps. J’ai donc tendance à croire que les possibilités du virus ne sont pas infinies.

Les personnes guéries sont déjà protégées par leurs défenses. Pourquoi doivent-elles se faire vacciner?

Là encore, il faut faire preuve de prudence. Tout comme les individus vaccinés, les personnes qui ont guéri contractent par la suite assez rarement une forme sévère. C’est la raison pour laquelle le certificat a été prolongé à un an. Toutefois, la protection est plus élevée si une personne guérie se fait vacciner. C’est pourquoi je recommande la vaccination chez les sujets guéris.

Selon les premiers experts, l’épidémie en Suisse pourrait prendre fin au printemps, à condition qu’il n’y ait plus de mutations et que le taux de vaccination augmente. Qu’en pensez-vous?

Je suis d’accord avec cela si les conditions mentionnées sont réunies. Mais le virus ne disparaîtra pas. Il y aura toujours des hospitalisations et des décès, mais, espérons-le, dans le même ordre de grandeur que d’autres maladies infectieuses. Mais la pandémie ne sera terminée que lorsque la couverture vaccinale sera élevée dans le monde entier. À l’heure actuelle, seulement à peine 50% de la population mondiale est vaccinée, ce chiffre est malheureusement insuffisant.

De nombreux jeunes se disent que s’ils se font vacciner, ils seront probablement à plat pendant quelques jours et que la probabilité qu’ils attrapent le coronavirus et tombent malades est beaucoup plus faible. Que répondaez-vous à cela?

70 à 80% des personnes vaccinées ressentent des effets secondaires localisés pendant un ou deux jours. Les effets indésirables plus durables sont beaucoup moins fréquents et les conséquences dangereuses sont rares. Par exemple, une réaction allergique grave touche 1 personne vaccinée sur 200 000. La probabilité de contracter le coronavirus est très élevée. Si nous réduisons les mesures en Suisse, tôt ou tard, presque tous les individus non vaccinés seront contaminés. Donc soit on fait le vaccin, soit on attrape le coronavirus à un moment ou à un autre. Et là, le risque d’une forme grave ou d’un Covid long est beaucoup, beaucoup plus élevé.

de Rüdi Steiner et Rahel Schmucki,

publié le 04.11.2021

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